La douleur... Un moment unique...

Mes chers amis et amies...

Je tiens à m'excuser de cette longue absence... Mais depuis quelques semaines, je n'avais plus le goût à écrire... Même à vous...Vague à l'âme... Inquiétudes... Nuits blanches... Nuits vertes... Bref, le moral dans les chaussettes comme disent certains et certaines...

Alors, plutôt que de m'étendre sur mes propres états d'âmes, j'ai préféré me mettre à l'écart, me mettre au vert si vous voulez... Cecilotte a pris du large... Je me suis posée les bonnes et les mauvaises questions. J'ai parfois eu envie de prendre le large vers de mauvaises routes... Mais la raison m'a ramenée sur le droit chemin...

Aujourd'hui, même si la petite musique n'est plus aussi forte, je suis encore un peu triste et morose, mais tout cela va passer...

Mais j'aurais voulu, tout de même, vous faire partager, si cela peut se partager, je crains que non, un moment unique que j'ai vécu samedi soir, toute seule. Certains me diront, toute seule c'est un peu triste, mais ce moment là, je ne pouvais le vivre que toute seule...

LE TNBA présentait pour deux uniques représentations la DOULEUR de Marguerite Duras, mise en scène par Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang...

Le grand, l'unique patrice Chéreau

Voilà plusde six mois que je tentais, en vain de trouver une place. COmplet, complet, comme d'hab, même à la dernière minute, vous n'y pensez pas...

ET bien, samedi au culot, j'ai réussi à m'inviter... Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie...

J'ai rencontré Marguerite Duras à l'âge de 22 ans à Neauphle le Château... Elle m'a ouvert sa porte... Jamais je n'oublierai cet endroit, cet étang, cette maison, et cette petite femme au regard vif et intelligent.. Elle aurait pu fermer sa porte, elle ne l'a pas fait...

A 20 ans, j'étais étudiante à la Fac et j'ai dévoré cette année là, plutôt savouré l'oeuvre magistrale de M.D. Un choc émotionnel, intellectuel, qui m'a guidé dans ma vie de femme.

M.D.

Un barrage contre le Pacifique, la vie tranquille, le Marin de Gibraltar, des journées entières dans les arbres, les petits chevaux de Tarquinia, Moderato Cantabile, tous ces ouvrages sont venus à moi... Je les ai aimés, aimés, relus et relus. Et puis un jour, à la mort de Marguerite j'ai cessé... La mort nous a séparées... Et pourtant il y avait les livres de Yann Andrea, le beau Yann qui l'a accompagnée jusqu'au bout...

A chacun de mes passages à Paris, je ne manque d'aller me recueillir au 4 de la rue Saint-Benoit qui a accueilli tant et tant de grands noms...

Et puis il y avait ce texte, La DOULEUR, qui m'avais transportée et bouleversée...

Je l'avais en partie oublié... Dès les premiers mots de Dominique Blanc, tout est revenu et je n'ai pu que me mettre à pleurer.. J'ai pleuré pendant toute la représentation... Tant le texte est lourd, dur, insupportable parfois... La douleur...

Et cette phrase de Chéreau : Le mot "douleur" est plus profond que "chagrin" ou "souffrance" qui passent. La douleur, elle, ne vous quitte jamais...

Le texte de Marguerite Duras, est totalement autobiographique. Durant la guerre, l'écrivain écrit n journal sur de petits cahiers, dans lequel elle évoque l'insoutenable absence de l'être aimé.

Son mari, Robert Antelme (dans le texte Robert L) a été déporté dans un camp allemand.

Robert Antelme

Chaque jour, Marguerite attend son retour. Attendre, attendre, s'informer, chercher à savoir où il se trouve.. Quand reviendra t-il, et s'il ne revenait pas... Dans quel état... Au mois d'avril 1945, au moment de la Libération, Marguerite ne sait pas si Robert est toujours en vie. Elle espère, parfois se désespère, se révolte, crie, hurle sa douleur...

Même couper une pomme est douloureux...

Et puis le retour de l'être cher.. Mais dans quel état ? 38 kg, émacié, usé... La vie n'a plus de sens...

Dominique Blanc exceptionnelle...

Quelques passages du texte :

Mais lisez-le...

J'ai retrouvé ce journal dans deux cahiers... Je n'ai aucun souvenir de l'avoir écrit... Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et qui m'épouvante quand je la relis. Comment ai-je pu de même abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne régulièrement inondée en hiver ?

La DOULEUR est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot "écrit" ne conviendrait pas. Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d'une petite écriture extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n'ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m'a fait honte...

Je remercie très sincèrement la gentille personne qui m'a donnée cette place tant recherchée. Grâce à elle j'ai compris pourquoi j'aimais tant Duras... Elle fait partie de ma vie. Elle est en moi... Et je l'aime...

Un conseil les amis relisez Marguerite Duras... Un écrivain unique....

Parole de Cecilotte...

Comments

[graine2sabl]

Bonjour, j'ai également vu cette pièce de théâtre de Chéreau il y a quelques années, elle m'a vraiment bouleversée, même longtemps après, une des plus belles émotions de théâtre de ma vie.

[drass]

Merci!