Beckett... Beckett...
Belle soirée en ce jour...
Voilà plusieurs semaines que j'attendais avec impatience le moment d'aller écouter et voir cette mise en scène du grand Peter Brook...
Enfin du vrai théâtre... Je ne veux pas en dire plus...
Donc, de très beaux textes de Beckett mis en scène par le génialissime metteur en scène anglais Peter Brook...
Deux génies qui se rencontrent...
Samuel Beckett est né en Irlande en 1906, non loin de Dublin. Il poursuit ses études à Paris, à l'Ecole Normale Supérieure de la rue Ulm, où il rencontre James Joyce. Après avoir visité l'Europe, il prend la décision, en 1938, de s'installer à Paris.
"Je préfère la France en guerre, à l'Irlande en paix".
Beckett publie plusieurs romans et récits, dont le fameux Molloy, bientôt suivi de Malone meurt et de l'Innommable (1947-1949), Fin de partie.
L'une de ses plus belles pièces, En attendant Godot paraît en 1948. Depuis 1945, Beckett refuse d'écrire dans sa langue maternelle : "En français, c'est plus facile d'écrire sans style".
Vers 1956, l'écrivain décide d'écrire en anglais. Paraîtront de superbes textes : La dernière bande ; Oh les beaux jours...
Plusieurs thèmes sont abordés régulièrement par Beckett : la Solitude, le pessimisme, la déchéance, mais aussi l'espoir, l'humour...
Le metteur en scène anglais Peter Brooy, auteur de sa première pièce à l'âge de 17 ans, directeur du Royal Shakespeare Theater, vit en France depuis 1970.
En 1974, il fonde le Centre International des Recherches Théâtrales, installé aux Bouffes du Nord.
Fragments est à coup sûr l'une de ses plus belles mise en scène. Plusieurs textes de Beckett se succèdent... Actes sans paroles II / Fragments de théâtre I / Berceuse / Ni l'un, ni l'autre / Va et vient...
Trois acteurs... Deux hommes et une femme.
Premier volet : Le thème de la misére et de la solitude, à travers le destin de deux "clowns", l'un unijambiste, le second aveugle... On ne peut penser à cette très belle phrase du grand et de l'unique Federico Fellini : "En somme, le type d'acteur qui m'enchante et me fascine depuis toujours, et envers lequel j'éprouve chaque fois un élan de prédilection excité et obscur, c'est l'acteur-clown".
Deuxième volet : Le monologue d'une vieille femme assise sur son rocking chair... Une lithanie sur la solitude... Très beau, très émouvant..
Troisième volet : Très certainement le moment où transparaît véritablement l'humour de Beckett... Un duo à la Laurel et Hardy... Version British oblige... Monsieur Heureux et Monsieur très malheureux (surtout très déprimé)...
Bref, le spectateur retrouve le sens de l'humour de Beckett, trop souvent oublié par les puristes...
Et pourtant, l'un de ses biographes, Alain Badiou, souligne très justement : "Il faut jouer Beckett dans la plus intense drôlerie, dans la variété constance des types théâtraux [...]".
Courrez voir ce spectacle au TNBA jusqu'au 24 janvier... JE REVAIS DEPUIS TELLEMENT LONGTEMPS DE VOIR UNE MISE EN SCENE SIGNEE DE PETER BROOK... MAIS AVEC DES TEXTES DE BECKETT, CELA NE POUVAIT QUE M'ENCHANTER... J'ai découvert Beckett voici deux ans... Depuis, j'ai tout lu et relu...
ET POUR TERMINER N'OUBLIEZ PAS CETTE PHRASE DE NIETCHE : Hommes supérieurs, apprenez à rire...
A MEDITER...