Le marché du Samedi, tout un poème, des odeurs, des rires, des couleurs...
Dans le précédent message, je vous parlez de la place Saint-Michel. Et bien je vais recommencer... Le samedi, la place se transforme en étals de bouquets de menthe, d'épices, de légumes et de fruits...
Plus loin, les derniers éleveurs sont venus proposer à la vente de bien jolis poulets, non engraissés au moyen de substances dégueu... Bref, de la belle marchandise...
Il est amusant de constater que les femmes, comme toujours font leurs provisions et qu'à quelques mètres, les hommes se retrouvent entre eux pour discuter...
Louis Emié, poète et journaliste bordealais : "Fidèles à de tacites rendez-vous, ils se retrouvent, chaqie dimanche au même endroit, sur le même mètre carré de trottoir [...].
A regarder ces photos, dominées par l'imposante flèche, je pense aux beaux textes du poète Louis Emié... observant la place Saint-Michel la nuit.
"Car la flèche est puissante et tranquille. Bien posée sur son piédestal, comme un dieu sur son nuage ou un roi sur son trône, à l'aise dans sa belle carrure de pierre, elle semble dire à qui veut l'entendre : [Je ne dois rien à personne, moi. Je fais corps depuis des siècles avec tout ce quartier, dont je suis la plus pure et la plus évocatrice stylisation. Je sais qu'on me voit de partout, aussi bien du fleuve... que de la Passerelle où, à l'heure du train de Paris, mille visages m'accueillent, penchés à la portière, d'un sourire ou d'un battement de coeur.
Et puis je suis la Flèche, la Flèche tout court et je sais une chose : c'est que toutes ces femmes, tous ces hommes, tous ces enfants qui rêvent, bavardent et jouent à mes pieds ne viennent pas dans ce jardin sans avoir l'arrière-pensée de me rendre, chaque soir, un fidèle et discret hommage...]".
Article publié dans La Petite Gironde, les 1er et 6 août 1935.
Au sujet de Louis Emié, voici ce très joli passage qui peut s'appliquer à la Place Saint-Mich..
"Le coeur d'une ville est aussi capricieux que le coeur d'une femme. Il se met à battre plus fort à des heures et en des endroits que rien (sauf une fantaisie providence) ne justifie raisonnablement...
En résumé : je laisse à louis Emié le mot de la fin : "Il faut savoir flâner ou plutôt, il faut savoir nous réapprendre à flâner. La cadence accélérée de notre vie quotidienne ne nous le permet guère... Et c'est dommage... Nous perdons ainsi de belles minutes heureuses, vécues pour le seul bénéfice de les avoir vécues, de les avoir sentiées et respirées avec nos seuls sens et notre seul instinct [...]. Voir La Petite Gironde, 26 août 1934.