triste anniversaire... Vingt ans déjà

Originaire de Metz, il

Hier, j'avais un cours à préparer et plusieurs textes de commande à écrire... Je me suis donc rendue à la bibliothèque municipale...

Au hasard d'une étagère, un livre m'a tendu ses pages... Il s'agit d'un ouvrage très intéressant d'une spécialiste du théâtre contemporain Anne Ubersfeld, consacré à un ange trop vite parti Bernard-Marie Koltès... Une première partie évoque l'itinéraire unique de Koltès, sa vie, ses amours, ses émois, ses voyages. Enfin, Anne Ubersfeld consacre une autre partie de son livre aux étapes de création de Koltès...

Et c'est là que j'ai réalisé que cela fait tout juste vingt ans qu'il nous a quitté pour d'autres voyages, d'autres rencontres...

Il nous a quitté à 41 ans... Trop tôt...

Toutes ses pièces sont nées aux cours de ses voyages, en Afrique, aux Etats-Unis "La vie m'a sauté à la gueule", écrit-il lorsqu'il découvrit l'Amérique...

Au long de sa courte vie, il écrivit de merveilleuses pièces de théâtre, mises en scènes pour la plupart par son ami Patrice Chéreau... Quai Ouest (1985), Dans la solitude des Champs de Coton (1986) ; Roberto Zucco ; Salinger ; les amertumes ; L'héritage... et bien d'autres encore...

Il traduisit également une pièce de Shakespeare, Le Conte d'hiver .

Il nous a quitté en 1999... Le sida avait encore frappé... "On meurt et on vit seul : c'est une banalité. Je trouve que [La vie] est une petite chose minuscule. [C'] est la chose la plus futile"... Voir Le Magazine Littéraire, février 2001, n° 395.

Patrice Chéreau écrivit cette très belle phrase au sujet de son ami : "Il a été une météorite qui a traversé notre ciel avec une violence, dans une grande solitude de pensée et avec une incroyable force à laquelle il était parfois difficile d'avoir accès". Le Monde, "Un ami", avril 1999.

Un très beau texte...

Je viens de terminer ce matin "Une part de ma vie", éditions de Minuit, 1999. L'ouvrage présente la plupart des entretiens de Bernard-Marie Koltès...

Je voudrai retenir cette phrase : Pour la situer dans son contexte, Bernard-Marie Koltès évoque l'adaption de la pièce de Tchekov "les trois soJeurs" par Peter Stein, en qui il faisait "aveuglèment" confiance : "Les trois soeurs est un des trois plus beaux spectacles que j'ai jamais vus de ma vie au théâtre [...]. A celà le journaliste rétorque : "C'est un plaidoyer pour la beauté ?".

Et Koltès de répondre par cette fort jolie phrase : "Je crois que la seule morale qu'il nous reste, est la morale de la beauté. Et il ne nous reste justement plus que la beauté de la langue, la beauté en tant que telle. Sans la beauté, la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue. Alors, préservons cette beauté, gardons cette beauté, même s'il lui arrive parfois de n'être pas morale. Mais je crois justement qu'il n'y a pas d'autre morale que la beauté".... Der Spiegel, 24 octobre 1988. Voir Une part de ma vie, éditions de Minuit, 1999, p. 113.

A MEDITER.

A l'occasion des vingt ans de la disparition de Bernard-Marie Koltès, les éditions de Minuit viennent de publier cet ouvrages intitulé Lettres que je vais m'empresser de lire...

Je voudrais voir une adaptation d'une pièce de Koltès... Cette triste année, donnera l'occasion à certains et certaines de découvrir cette merveilleuse "météorite" du théâtre contemporain...

Au fait il existe un site officiel de Bernard-Marie Koltès, très facile à trouver...