James Ensor, le peintre poète... Pour mon ami J.A
Cecilotte a envie d'offrir un petit cadeau à son ami musicien J.Asherton... L'autre jour, j'ai inséré dans mon profil de facebook un petit quelque chose sur Bashung et Ensor. Certains ou certaines l'ont peut-être regardé, les autres ne manqueront pas de le faire en suivant...
Je sais Johan, que tu connais bien le musée Ensor d'Ostende... Je ne connais pas Ostende, mais je sais que c'est un lieu qui me fait les yeux doux depuis déjà très longtemps...
Ostende, Brel... Ostende Barbara et le film magnifique tourné avec Brel sur les plages d'Ostende, dont je garde un souvenir mémorable... Années ado... Et puis aussi, mon ami, Arno... Et ses délires sur Ostende quand il a bien bu, quelques bierres dans le bidon. Et puis il y a Alain, je sais qu'il adorait les plages Belges...
Johan, tu m'as parlé de ENsor en me disant combien tu l'appréciais...Alors tu vois, comme promis, je vais t'en faire un petit kaléïdoscope, modeste...
"Le goût de la peinture me vint vers les treize ans ; alors deux vieux peintres d'Ostende, Van Cuyck et Dubar, saumurés et huileux, m'initièrent professoralement aux poncifs décevants de leur métier, morne, borné et mort-né".
James Ensor est né à Ostende en 1835. Ses parents tenaient une modeste boutique de souvenirs grouillant de coquillages, de cerfs-volants, de pelles, d'arrosoirs, etc;;; qui faisaient les bonheurs des jeunes plagistes...
La maison natale de Ensor, 27 rue de la Flandre, aujourd'hui musée Ensor.
En 1877-1880, Ensor suit des cours à l'académie des beaux-arts de Bruxelles sans grande conviction : "Une boîte à myopes, des professeurs mal embouchés".
Il se lie pourtant avec plusieurs autres artistes dont F. KHNOPFF (un peintre déroutant et d'une étonnante modernité pour l'époque).
Khnopff est l'auteur de cet étonnant tableau au titre évocateur :
Des caresses ou l'art, ou le sphinx, 1896, Bruxelles.
Déçu de ses années à l'école des beaux-arts de Bruxelles, Ensor rentre à Ostende. Il installe un atelier dans le grenier de la demeure familiale et se met à peindre...
Atelier d'Ensor, 27 rue de Flandre
Il réalise des autoportraits, notamment celui au chapeau de fleur...
Puis, des marines, des vues d'Ostende, de dunes, des paysagistes impressionnistes, mais aussi des portraits de l'aristocratie locale qui n'ont que peu de succès :
: "Mes concitoyens, d'éminence molluqueuse m'accablent. On m'injurie, on m'insulte : je suis fou, je suis sot, je suis méchant, je suis mauvais..".
Il change alors de source d'inspiration, et découvre un monde lugubre, angoissant et pourtant d'un humour extraordinaire...
Il expose une Crysalide et une série de masques mortuaires qui lui valurent de terribles critiques.
En 1883, il participe avec quelques amis à la création du Groupe des Vingt. Il en deviendra le membre contestataire. Un de ses amis écrivit à ce sujet : "Il sera le mal aimé".
Puis, il se met au dessin. "Vous dessinez en peignant, mauvais ! mauvais ! vous allez vous noyer. C'est le sentiment qui vous perd, vous n'êtes pas le seul. La semaine passée, vous avez fait un bon dessin, maintenant c'est encore une fois la même chose ; vous avez mal à l'oeil peut-être ? Un sculpteur serait bien embarassé s'il devait faire quelque chose d'après votre dessin". Ensor dans Trois semaines à l'Académie, Dans Mes Ecrits, 1974).
Ensor se détourna de ces conseils et réalisa de superbes compositions dont les plus belles sont au Louvre.
L'artiste décomposé ou la tête de mort
En 1888, Ensor réalise ses plus beaux tableaux...
Les masques raillant la mort. 1888. Huile sur toile/
Schématisation pré-expressionniste. "Les masques me plaisaient parce qu'ils froissaient le public qui m'avait si mal accueilli"...
Un an plus tard, il réalise, l'entrée du Christ à Bruxelles...
1889. Elle fut bien entendue refusé au Salon. C'est une sorte de parade de carnaval... Le Christ rentre dans la Bruxelles contemporaine. Des calicots sociaux sont placés au-dessus du cortège "Vive la sociale", ou bien des messages de bienvenue "Vive Jésus, roi de Bruxlles (sic)".
Voilà pour Johan, et pour ceux qui ne connaissaient pas l'oeuvre étonnante et très moderne de James Ensor... Un univers à part...
Juste pour votre gouverne...
Le musée d'Ostende conserve de très belles gravures de Ensor..
"Je veux survivre , parler longtemps encore aux hommes de demain.
Je songe aux cuivres solides, aux encres inaltérables,
aux reproductions faciles, aux tirages fidèles et
J'adopte l'eau forte comme moyen d'expression...".
Emerveillez-vous également devant ses lithographies :
"Le beau rêve phosphoré : finir en beauté, tendrement enlacé par pieuvre passionnée !
Couché parmi les moules parquées d'OStende et les sirènes bavardes, je m'ofrrirai aux baisers avides des jolies bêtes des eaux du Ciel, de la Terre et de la Mer".
Merci Monsieur Ensor